Journal TRIBA n°2 de Novembre 2001 page 64
 

AU CENTRE DE MÉDIATION DE SAINT-CLOUD (92)

Dans le bureau de la médiatrice. Rien ne va plus entre Paul et Nathalie. Pour sortir de la crise et épargner Leur fille, ils sont venus consulter la médiatrice. Nous avons assisté à leur premier entretien.

En cette fin d’après-midi le centre social est silencieux. En attendant l'arrivée du couple Nicole Brun-Pravaz la médiatrice prépare la salle. Le bureau est à l’écart, plaqué contre la vitre. La médiatrice place trois chaises en triangle dans l'espace restant. En phase de séparation après cinq ans de vie commune, Paul et Nathalie arrivent ensemble. Ils habitent toujours ensemble. Ils ont une fillette de 4 ans, Stéphanie. C'est leur premier entretien. Paul, 29 ans, cheveux courts, pantalon et veste en jean, a contacté la médiatrice au début de l'été pour trouver un accord sur une garde alternée. Quand il pénètre dans son bureau, il est le plus détendu. Nathalie, elle, semble moins à l'aise. Ensemble pantalon et veste noire, la jeune femme de 24 ans ne sait pas trop ce qu'est la médiation familiale.    Pour elle, il fallait aller directement voir le juge aux affaires familiales. C'est le premier travail pour Nicole Brun-Pravaz : expliquer ce qu'est la médiation et surtout mettre en confiance le couple. La médiatrice a besoin de connaître leur histoire. Nathalie a 19 ans quand elle s'installe chez Paul. Leur fille naît « par accident », mais ils décident de garder l'enfant. Parfois, malgré la rancœur, un compliment : "C'est le meilleur papa du monde" Puis leurs relations se détériorent. Jusqu'à la séparation. Les reproches et les piques fusent. « La petite pleure toute la nuit quand tu pars le soir ! », lance Paul. «Tu trouves mieux qu'elle t'entende m'insulter ? », réplique Nathalie. Parfois, c’est plus profond. «Je ne la reconnais pas, ce n'est pas la Nathalie que j'ai connue», soupire Paul qui souffre de la séparation. Sa compagne s'énerve : « Mais on n'est plus ensemble !» Le ton monte. La médiatrice laisse faire. Pour que «ça sorte» et que «l'autre» entende ce que parfois il n'a jamais entendu. Sinon, toute communication ultérieure serait vaine. Mais Nicole Brun-Pravaz n'est pas une conseillère conjugale. Elle est là pour gérer la séparation, non pour l'éviter. Elle ramène donc toujours la discussion au concret. Comment les parents parlent ils de leur mésentente avec leur fille, par exemple? Comment vont ils faire en rentrant chez eux ? «Vous devez vous séparer, physiquement, le plus vite possible», conseille telle. « Nathalie, c'est dans votre intérêt d'aider Paul à trouver un nouveau logement. Ne le prenez pas comme un service que vous lui rendez, mais comme une issue. »  Parfois, malgré la rancœur, un compliment ponctue l'entretien : «C'est le meilleur papa du monde», admet Nathalie. «Elle restera toujours la femme de ma vie», lâche Paul. Après deux heures de discussion, la médiatrice leur propose un rendez vous ultérieur, mais seulement quand ils vivront séparément. Ce n'est qu'à ce moment que la garde alternée pourra être étudiée précisément.  «La médiation familiale est prête à les aider, conclut elle. Mais eux, sont ils prêts ? »   FABRICE PIOMBO

     Page suivante